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J'espère qu’il y aura des leçons intéressantes à tirer de cette crise.

Craeghs-

« Une entreprise qui ne se remet pas en question risque de traverser cette période avec difficulté. Le monde a changé. En tant qu'entrepreneur, vous devez y participer. Si vous ne faites rien, vous prenez le risque de vous laisser dépasser. C’est pour cette raison que cette crise pourrait être un nouveau départ pour de nombreuses entreprises » - Katja Craeghs.

Qui est Katja Craeghs ?

> 50 ans
Études : Marketing, Design industriel, Management de l'innovation et Communication et nouveaux médias
Fonde Greenpoint.be en 2008
Pas d'employés permanents, seulement des freelances.

Il y a une douzaine d'années, l'entrepreneure Katja Craeghs a lancé une toute nouvelle société : Greenpoint.be. Son amour pour le design, sa volonté d’innover et ses solides capacités d'analyse étaient ses principaux atouts. Le timing était parfait, de toute évidence : 2008 fut l'année de la grande crise bancaire. Une période difficile pour de nombreux indépendants et entreprises contraints de réduire et de remettre en cause leurs activités professionnelles. Greenpoint.be s'est positionné comme le partenaire idéal pour les aider et a connu un succès fulgurant.

Katja Craeghs : « Stimuler l'innovation au sein des entreprises et des organisations, c'est toujours notre cœur de métier. Nous concevons de nouveaux processus au sein d’entreprises existantes. Nous examinons en profondeur leur modèle économique et recherchons des opportunités à court, moyen et long terme. Nous voulons être le partenaire qui propulse leur entreprise au niveau supérieur ».


Co-création et créativité

98% des gens pensent de manière logique et seulement 2% de manière créative, selon diverses études. À partir de ces 2%, Greenpoint.be cherche à réexaminer et à réorganiser une entreprise de recherche d'une manière différente.

« Nous asseyons des chefs d'entreprises et des experts créatifs externes à la même table. Il en résulte souvent des solutions surprenantes et innovantes ».

Katja Craeghs : « Nous créons des rencontres entre des chefs d'entreprise et des experts créatifs externes. Faire travailler ensemble ces deux parties de manière constructive n’est pas toujours évident et il faut qu’elles réussissent à s’accorder. Cela nécessite pas mal de travail de traduction pour ce faire. Greenpoint.be facilite cette traduction. Nous nous considérons comme des bâtisseurs de ponts et abordons chaque projet comme un dialogue.

Cette co-création révèle souvent de nouvelles opportunités qui n’avaient pas encore été explorées par la direction. Nous testons ensuite ces opportunités tous ensemble. Nous recherchons des solutions innovantes pour générer une nouvelle croissance.

Je me souviens d'un de nos premiers projets. C'était un fabricant de convecteurs. Après le processus d'innovation, l'entreprise a commencé à proposer des abonnements confort aux entreprises. Les convecteurs sont vendus dans le cadre d'un service. Ce qui fait que le constructeur assure un confort optimal au client, quels que soient les produits proposés ».


Courage et temps

Tout comme pendant la crise bancaire de 2008, la crise du coronavirus oblige désormais de nombreuses entreprises à se remettre en question au niveau stratégique. Une fois de plus, la demande de conseils pour y faire face de manière professionnelle augmente.

Katja Craeghs : « Dès le début de la période corona, avec ses éventuelles conséquences économiques, les entreprises qui se posaient déjà des questions sont venues frapper à notre porte. Aidez-nous à trouver des opportunités. Quelles sont nos options pour garder le cap dans la tempête ? Elles travaillaient déjà sur l'innovation mais ont ressenti le besoin d'accélérer ce processus. Mais ces dernières semaines, j'ai aussi remarqué que les entreprises qui ne se remettent peu ou pas en question et reproduisent souvent les mêmes choses année après année ressentent le même besoin. Ce sont souvent des entreprises de production. Leur marché a soudainement disparu, ce qui a créé un électrochoc. Elles sont désormais obligées, elles aussi, de remettre en question leurs produits et leurs systèmes de production.

« Ce n'est qu'en quittant votre zone de confort que vous apercevrez de nouvelles opportunités ».

Pourquoi seulement maintenant ? La raison en est simple. Si vous restez dans une certaine zone de confort et qu'il y a suffisamment de travail, il n’y a aucune nécessite à court terme. Si tout se passe bien, pourquoi changer de stratégie ? Ce n'est qu'en quittant cette zone de confort que vous apercevrez de nouvelles opportunités. Mais cela demande du courage et du temps. Parce que cela signifie que vous devez également refuser certaines missions pour gagner du temps.

Si une entreprise ne se remet pas en question, elle risque de rater des opportunités. Si un entrepreneur reste figé dans ses habitudes, il risque de trouver cette période très compliquée. Le monde a changé. En tant qu'entrepreneur, vous devez y participer. Si vous ne faites rien, vous prenez le risque de vous laisser dépasser. Et bien sûr, il y a des entreprises qui n'y arriveront pas. C'est horrible. Mais cette crise peut aussi être l’occasion d’un nouveau départ pour beaucoup. J'y crois sincèrement ».

 

Cette crise nous fait voir le temps d'une autre façon.

Alain Mahjoub

(photographe : Luk Collet)

« Nous avons réalisé que nous étions trop turbulent. Nous avons l'intention de continuer à rechercher l'équilibre dans ce domaine. Cette crise nous fait considérer le temps différemment. Ce que nous vivons actuellement peut sans aucun doute être un stimulant positif pour une société qui s'adapte à la nature et aux besoins humains. Et non plus l'inverse » - Alain Mahjoub.


Qui est Alain Mahjoub ?

> 51 ans
Médecin urgentiste chez AZ Diest
Psychothérapeute
Auteur de « Jij bent, dus ik ben » (« Vous êtes, donc je suis »)

Alain Mahjoub, médecin urgentiste, a vécu des semaines mouvementées. Le coronavirus a non seulement affecté sa santé mais aussi sa routine quotidienne en tant que praticien. Il a également été surpris par l'infectiosité du virus et la vitesse à laquelle il s’est répandu.

Alain Mahjoub : « Ces dernières semaines ont été particulièrement difficiles. Quand j'étais malade, j'ai été submergé par toutes sortes d’informations qui m'effrayaient. Comment ce virus va-t-il m'affecter, moi et ma famille ? J’ai ressenti un sentiment d'insécurité indéfinissable. C’était comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton ‘reset’. Tout était différent. J’ai aussi eu besoin de temps pour m’adapter à la ‘nouvelle normalité’.

« C’était comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton ‘reset’. Tout était différent. J’ai aussi eu besoin de temps pour m’adapter à la ‘nouvelle normalité’ »

En tant que médecin urgentiste au département Covid, nous avons ressenti de la peur, de l'incertitude et du stress. Sommes-nous capables de faire face à cette pandémie ou allons-nous devenir la nouvelle Italie ? Le pire cauchemar pour tout sauveteur est de voir des gens sombrer sans pouvoir les aider. Nous avons vu arriver de plus en plus de patients Covid. L'hôpital entier a du être réorganisé. À notre arrivée, nous devions immédiatement enfiler un costume et un masque. Pour examiner un patient, une combinaison et des gants doublés étaient nécessaires, ainsi que des lunettes, un masque FFP2 spécial et une visière. En tant que médecin, j'apprécie particulièrement les contacts avec mes patients. Mais du jour au lendemain, c’est devenu impossible.

« Des mesures seront prises dès que les chiffres augmenteront à nouveau. C'est ma plus grande crainte à présent. Un deuxième confinement porterait un coup dur au moral »

Ce n'est que lorsque les chiffres ont baissé et que la courbe est allée dans la bonne direction que l’énorme pression sur le département a disparu. Je suis vraiment ravi de la façon dont nous l'avons gérée ici. Le gouvernement a rapidement proposé des mesures nécessaires et a été bien conseillé par des scientifiques. Il faut maintenant attendre l'impact des différentes phases de déconfinement. Médicalement, je ne m'inquiète plus. La science ne se limite pas à surveiller de près la situation. Des mesures seront prises si les chiffres augmentent à nouveau. C’est ma plus grande crainte à présent. Un deuxième confinement porterait un coup dur au moral ».

Vous êtes, donc je suis

En plus d'être médecin urgentiste, Alain Mahjoub est également psychothérapeute. Sa fascination précoce pour la nature humaine, les comportements humains et leurs interactions l'a incité à commencer un nouveau cursus beaucoup plus tard, après ses études de médecine.

Alain Mahjoub : « Je suis moitié belge, moitié marocain. Enfant, je partais souvent en vacances au Maroc. J'étais immergé dans une culture complètement différente avec certaines valeurs et normes qui créait, pensait et expérimentait inconsciemment d’autres choses. Cela m'a fasciné très jeune. C’était mon destin d’approfondir ces manières de penser. Mes études complémentaires en psychothérapie et mon livre ‘Jij bent, dus ik ben’ (‘vous êtes donc je suis’) en sont la conséquence logique des années plus tard.

D'où vient le sentiment de malaise que tant de gens ressentent dans notre société ? Vivons-nous trop vite ? Faisons-nous de mauvais choix ? Ou s'agit-il d'un choc entre ce que nous souhaitons au plus profond de nous-mêmes et ce que la vie moderne nous impose : stress, surconsommation et disponibilité permanente ? Et comment évoluer progressivement vers une société où bien-être et prospérité cohabitent ? Comment pouvons-nous réduire cet écart ? J'essaie de répondre à ces questions dans mon livre ».

Le temps nous est précieux

Le décalage et la solidarité jouent un rôle crucial dans la réponse personnelle d'Alain Mahjoub. Pendant cette crise, nous nous sommes retrouvés entre deux feux.

Alain Mahjoub : « Nous sommes presque obligés de rester immobiles. J'espère que nous arriverons à une sorte de réflexion et réaliserons ce qui est essentiel pour nous en tant qu'être humain. C'est peut-être la seule chose positive de cette crise. Nous aurons l'occasion d'y réfléchir. Nous sentons maintenant principalement que nous avons besoin les uns des autres et que nous avons un grand besoin d’être en famille, avec nos amis, de faire des choses ensemble. Nous savons maintenant vraiment ce que le besoin de contact signifie. Nous aspirons à nous voir et à nous sentir.

Nous apprécions le rythme plus lent dans lequel nous vivons avec une certaine réserve et peut-être même avec une certaine culpabilité. Nous avons réalisé que nous étions trop turbulent. Nous reconnaissons que nous avons besoin d'espace pour trouver l'inspiration et rester créatif. Nous avons l'intention de continuer à rechercher l'équilibre dans ce domaine. Cette crise nous fait regarder le temps différemment. Le temps nous est précieux. Que faisons-nous de ce temps dont nous disposons ?

J'espère vraiment que cette crise apportera quelque chose de durable. Mais ce n'est possible que si quelque chose change également structurellement dans notre société. Créer des habitudes différentes prend du temps. Cette crise peut nous donner l’occasion d’avancer un peu plus vite dans la bonne direction. Ce que nous vivons actuellement peut sans aucun doute être un stimulant positif pour la société que j'envisage : une société qui s'adapte à la nature et aux besoins humains. Et non plus l'inverse ».